Mercredi - 20 août 2025 - 21:15 heures
Hommage au cinéma français
Le CLUB AMICAL PROGRESSIF DE LOGGO "LORD BYRON" en coopération avec le ciné-club Aigio invite à la projection du film français « La grand Vadrouille »
 Entrée libre
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La Grande Vadrouille est un film franco-britannique réalisé par Gérard Oury, sorti en 1966. Deuxième comédie de Gérard Oury après Le Corniaud, le film se déroule durant la Seconde Guerre mondiale dans la France occupée et raconte les déboires de deux Français — totalement opposés par leurs caractères et leurs origines sociales — se retrouvant obligés d'aider un petit groupe d'aviateurs britanniques à se rendre en zone libre, tout en étant poursuivis par les Allemands. Ces deux Français sont interprétés par Bourvil et Louis de Funès, duo vedette du Corniaud, qui jouent respectivement un peintre en bâtiment un peu naïf et un chef d'orchestre de l'Opéra de Paris très acariâtre et imbu de sa personne. Avec plus de 17 millions de spectateurs lors de sa 1re exploitation en salles (de 1966 à 1975), le film demeure pendant plus de trente ans le meilleur score du box-office français toutes nationalités confondues (avant d'être dépassé par Titanic en 1998) et durant plus de quarante ans le plus grand succès d'un film français sur le territoire français, avant d'être dépassé par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon en avril 2008. Cependant, proportionnellement à la population française des deux époques, La Grande Vadrouille reste au premier rang. Il est à ce jour troisième au palmarès des films français les plus vus en France, précédé par Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables.
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Synopsis En 1942, pendant l'Occupation, un bombardier britannique embarquant cinq hommes d'équipage est abattu au-dessus de Paris par la Flak, lors d'un retour d'assaut aérien. Ses occupants sautent en parachute en se donnant rendez-vous aux bains turcs à la mosquée de Paris. Deux sont faits prisonniers, les trois autres parviennent à échapper aux Allemands. Le premier, Sir Réginald Brook, alias Big Moustache, atterrit dans le bassin aux phoques du zoo de Vincennes. Le directeur du zoo lui garde son parachute et lui fournit des vêtements civils pour qu'il aille aux bains turcs sans attirer l'attention. Le second, Peter Cunningham, voit son parachute accroché à la nacelle d'Augustin Bouvet, un peintre en bâtiments, qui était en train de rafraîchir tout à son aise une palissade juste à côté du quartier général d'une section de la SS allemande. Repérés, ils s'enfuient par les toits de Paris et se réfugient chez une jeune fille nommée Juliette qui réussit à les cacher. Peter, blessé au bras par une balle allemande lors de la fuite, demande à Augustin d'aller à sa place aux bains turcs pour rassurer ses compagnons. Le troisième, Alan MacIntosh, atterrit sur le toit de l'opéra Garnier et se réfugie dans la loge de l'acariâtre chef d'orchestre Stanislas Lefort qui arrive tant bien que mal à le cacher des soldats allemands menés par le major Achbach en le faisant passer pour son élève de harpe. Stanislas se rend à son tour aux bains turcs pour retrouver les amis de MacIntosh. Aux bains turcs, Big moustache, Stanislas et Augustin se retrouvent dans le bain à vapeur et élaborent un plan : Stanislas retournera à l'opéra comme si de rien n'était pour informer Mac Intosh tandis que les deux autres viendront le chercher ce soir à l'opéra, déguisés en officiers allemands grâce à des uniformes volés dans les vestiaires. Chez le grand père de Juliette, Ils conviennent de prendre le train depuis Paris pour Meursault en Bourgogne pour rejoindre une cellule clandestine de la Résistance qui les aidera à aller en zone libre. A l'opéra, Macintosh, imprudent, se fait repérer dans la loge de Stanislas mais parvient à s'enfuir et se cacher. Stanislas est alors démasqué et arrêté mais doit malgré tout assurer la direction de l'orchestre sous la surveillance du major Achbach, à l'occasion d'une soirée de gala pour tout le gratin Allemand. Le soir même, l'explosion ratée d'une bombe d'un groupe de résistants visant le chef de la SS provoque une confusion massive et Stanislas parvient à s'enfuir avec MacIntosh, Big Moustache et Augustin par les égouts. Le lendemain matin, après avoir volé des vêtements, ils ratent de peu le train où sont montés Peter et Juliette et s'emparent d'une voiture de la poste pour rouler jusqu'en Bourgogne où ils tombent en panne sèche à mi-chemin. Pendant ce temps, dans le train les amenant en Bourgogne, Peter se fait repérer et arrêter et doit laisser Juliette continuer la route seule. Peu après, Big Moustache et Macintosh arrivent à voler un camion de citrouilles à une religieuse, sœur Marie-Odile, qui accepte de leur prêter main-forte après avoir appris qu'ils étaient de la RAF. Ils embarquent Augustin et Stanislas mais arrivent plus loin à un poste de contrôle allemand. Cependant, les Anglais forcent le barrage et les citrouilles finissent dans les roues et sur la tête des motards Allemands lors d'une mémorable course poursuite. Le groupe arrive alors aux hospices de Beaune où les Anglais restent en tant que "malades" tandis qu'Augustin et Stanislas se rendent à Meursault en vélo pour retrouver Juliette et Germaine, la cheffe du réseau. Ils passent la nuit dans l'hôtel du Globe, investi pour l'anniversaire d'un général Allemand, en se faisant passer pour les maris de Juliette et Germaine. Après avoir failli se faire démasquer par le major Achbach et son chauffeur qui logent aussi à l'hôtel, au point de dormir dans le même lit sans qu'aucun des quatre ne le remarque avant le réveil, Stanislas et Augustin tentent de passer la ligne de démarcation vêtus d'uniformes allemands et de chiens de patrouille fournis par Germaine mais finissent par se faire prendre par la vraie patrouille et sont ramenés à la kommandantur de Meursault où Peter se trouve lui aussi retenu prisonnier. Par un concours de circonstances, Big Moustache et MacIntosh se retrouvent aussi à la Kommandantur cachés dans des barriques de vin par soeur Marie-Odile qui doit renouveler son ausweiss pour passer en zone libre. Voyant leurs trois amis prisonniers, ils parviennent à voler des uniformes allemands à des soldats et à déclencher un incendie dans la cave à vin pour provoquer une diversion. Le groupe se retrouve et s'enfuit avec soeur Marie-Odile dans son chariot, en ayant pris soin de crever les pneus de tous les véhicules allemands pour gagner du temps. En attendant de nouveaux véhicules, le major Achbach envoie un avion de reconnaissance pour suivre les fugitifs qui se rendent à un hangar où sont entreposés des planeurs qu'ils comptent utiliser pour enfin gagner la zone libre à proximité de la falaise. Le major Achbach et ses troupes arrivent juste après leur décollage mais les vents capricieux ramènent temporairement les planeurs en zone occupée à portée de feu des Allemands. Cependant, le soldat préposé à la mitrailleuse ayant un gros problème de strabisme tire sur l'avion allemand d'observation qui finit par s'écraser tandis que les planeurs gagnent enfin la zone libre pour de bon afin de rejoindre l'Angleterre.
 « La grand Vadrouille » Scénario : Gérard Oury, adapté par Gérard Oury, Danièle Thompson et Marcel Jullian, avec les dialogues de Georges Tabet et André Tabet Musique : Georges Auric Décors : Jean André Costumes : Tanine Autré et Léon Zay Photographie : Claude Renoir et André Domage Son : Antoine Bonfanti, Urbain Loiseau Montage : Albert Jurgenson Cascades actions réglées par Claude Carliez et son équipe Production : Robert Dorfmann Acteurs
Bourvil : Augustin Bouvet, peintre en bâtiment - Louis de Funès : Stanislas Lefort, chef d'orchestre à l'Opéra de Paris
Production
Genèse
Un ancien projet abandonné
Zizi Jeanmaire devait jouer le double rôle des jumelles Lili et Lulu dans le projet qui donnera plus tard La Grande Vadrouille.
Au début des années 1960, le producteur Henry Deutschmeister de la Franco-London Films tient sous contrat Zizi Jeanmaire, célèbre meneuse de revue et actrice de l'époque. À la même période, Deutschmeister vient de produire La Main chaude, premier film réalisé par Gérard Oury. Il demande à Oury et son coscénariste Jean-Charles Tacchella d'écrire un film dans lequel Zizi Jeanmaire pourrait jouer deux rôles à la fois. Ceux-ci écrivent alors le synopsis d'un film sur deux sœurs jumelles nommées Lili et Lulu qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l'Occupation, sauvent des aviateurs anglais dont l'appareil a été abattu au-dessus de Paris et les conduisent en zone libre. Lili est très pieuse et l'épouse d'un marchand de « bondieuseries » de la place Saint-Sulpice et ne fréquente que des curés, tandis que Lulu est une prostituée. Lulu prend en charge trois aviateurs et les conduit jusqu'à Marseille, en les faisant « transiter de claques en lupanars et de bordels en boxons », à leur plus grande joie, même si ces lieux sont dangereux, car fréquentés par de nombreux officiers allemands. Les trois autres aviateurs, eux, voyagent avec Lili de monastères en couvents, aidés par de courageuses nonnes, et vivent moins agréablement leur périple jusqu'en zone libre : « Tirés de leur sommeil à l'aube, repas frugaux, froides cellules, les trois autres en fait de robe n'aperçoivent que la bure des moines ou les blanches cornettes des nonnes ». Un véritable fait divers a inspiré Oury et Tacchella : en 1942, un avion allié canadien a été abattu au-dessus de Paris et les membres de l’équipage ont dû sauter en parachute, l'un atterrissant sur les toits des Grands Magasins du Louvre et un autre place Clichy.
Henry Deutschmeister adhère au projet et achète le scénario, d'abord intitulé Au petit Jésus puis Lili et Lulu ou les Bonnes Sœurs. Trouvant que Tacchella et Oury sont de trop jeunes scénaristes, il fait appel à un « vrai constructeur de film », Léo Joannon, mais les scénaristes ne s'entendent pas avec ce réalisateur expérimenté. Les rôles de Lili et Lulu sont par la suite prévus pour deux célèbres actrices jumelles italiennes, Pier Angeli et Marisa Pavan, qui n'ont jamais eu l'occasion de jouer ensemble. Finalement, Deutschmeister n'arrive à convaincre aucun distributeur et ne trouve donc aucun financement pour le projet, qui est abandonné.
Gérard Oury avait déjà écrit une comédie se déroulant sous l'Occupation : Babette s'en va-t-en guerre, premier film français à traiter de la Seconde Guerre mondiale sur le mode de la comédie, qu'il a co-écrit en 1958 avec Raoul Lévy, également producteur du film. Brigitte Bardot, Jacques Charrier et Francis Blanche tenaient les rôles principaux et Christian-Jaque en était le réalisateur.
Après Le Corniaud, succès inattendu
Suivant un conseil de l'acteur Louis de Funès donné lors du tournage du Crime ne paie pas, le troisième film qu'il réalise, Gérard Oury s'éloigne du cinéma dramatique pour tenter de monter une comédie. Son quatrième film, Le Corniaud, réunissant Bourvil et Louis de Funès, crée ainsi la surprise en mars 1965. Le duo comique inédit en tête d'affiche attire les foules. Le film profite de moyens et d'une qualité technique inhabituels pour les comédies françaises de l'époque, grâce à l'ambitieux producteur Robert Dorfmann. Dès le tournage, le réalisateur était conscient du potentiel du duo vedette et envisageait de les réunir sur un film suivant, en cas de succès. Il leur avait d'ailleurs raconté le sujet de Lili et Lulu.
Avant même la sortie en salles, Gérard Oury avait proposé une nouvelle réunion aux deux acteurs, étant à la fois enthousiaste de rapidement les retrouver et inquiet de se les voir subtiliser par un autre metteur en scène. Dès les premiers signes de succès au box-office, le producteur Robert Dorfmann le presse de vite réfléchir à un prochain film pour Bourvil et Louis de Funès, si possible un nouveau road movie comique. En dépit de la fin ouverte du Corniaud, le réalisateur refuse catégoriquement l'idée de donner une suite, à contre-courant du procédé éprouvé par Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantomas ou Don Camillo, ce qu'acceptent Dorfmann et les deux acteurs.
Oury suggère de reprendre et adapter le scénario de Lili et Lulu, propice à une comédie d'aventure. L'envie est aussi de réunir les deux acteurs plus longtemps qu'ils ne l'étaient dans Le Corniaud. Le 2 avril 1965, Gérard Oury reçoit Bourvil et Louis de Funès dans son appartement pour leur soumettre l'intrigue. Les deux acteurs s'imaginent mal interpréter deux jumelles mais Oury a évidemment transformé l'histoire : « Les rôles principaux : Deux filles ? Et alors ? Je les transformerai en hommes ! Sautant en parachute de leurs bombardiers en flammes, les aviateurs anglais arriveront dans votre vie : toi, Louis, un grand chef d'orchestre puisque tu sais jouer du piano, toi André, un peintre en bâtiment en train de ravaler le mur surplombant la Kommandantur du Gross Paris ! ».
Après quinze jours d'hésitation à cause de la période historique abordée, le producteur valide le projet et récupère, moyennant finances, les droits du scénario auprès d'Henry Deutschmeister. Sollicité par Oury, Jean-Charles Tacchella ne désire pas s'impliquer dans la poursuite de leur ancien travail. Dans les premiers temps du projet, Oury annonce à la presse un synopsis encore très proche du scénario d'origine : « Nous les retrouverons tous les deux pendant la dernière guerre, à la tête d’un réseau qui s’emploie à faire fuir la France occupée à des prisonniers alliés évadés. Chacun a sa filière. Bourvil, frère d’une bonne sœur, achemine ses passagers de couvent en couvent, tandis que Louis de Funès, parent d'une dame de mauvaise vie, transfère les siens de l'une à l’autre de ces « maisons » abolies plus tard par Marthe Richard. Seulement, une interférence se produit. Bourvil et ses évadés se retrouveront dans les « maisons » de Louis de Funès, tandis que celui-ci empruntera la filière des couvents ». Le but de l'ensemble de l'équipe est ouvertement d'approcher la réussite artistique et commerciale réalisée par Le Corniaud, qui totalise déjà deux millions d'entrées à la fin du mois d'avril 1965.
Développement
Choix des interprètes
Autour de Bourvil et Louis de Funès doit être réunie une distribution internationale, puisque les personnages sont de diverses nationalités, mais aussi pour assurer le succès dans le monde entier et la rentabilité de la grosse production que représente The Great Vadrouille, le film devant, pour atteindre ce but, réaliser des résultats équivalents au Corniaud en France, et les reproduire sur les cinq continents.
Pour le rôle de « Big-Moustache », sir Reginald Brook, Squadron leader de la Royal Air Force, Gérard Oury veut absolument l'acteur britannique Terry-Thomas, remarquable par sa grosse moustache et ses dents écartées. Sortant de plusieurs succès internationaux tels que Un monde fou, fou, fou, fou (1963) avec Spencer Tracy, Comment tuer votre femme (1965) avec Jack Lemmon et le film choral Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (1965), Terry-Thomas s'avère être le comédien idéal pour montrer The Great Vadrouille à l'étranger. Oury et Robert Dorfmann rencontrent l'acteur à Londres, qui leur demande un cachet exorbitant, étant alors l'un des acteurs les mieux payés du cinéma anglais et l'un des plus sollicités. Après qu'Oury l'a supplié « un genou à terre », Dorfmann finit par accepter de le payer au prix demandé. L'évocation du tournage en Bourgogne, connue pour ses vins, aurait également influencé son choix. L'attrait de l'acteur britannique pour le vin français est ensuite observé lors du tournage, et Oury le fait transparaître dans le personnage du Squadron Leader, notamment lors des scènes à Beaune.
« Il joue “Big Moustache”, le commandant du bombardier abattu, et, de Vouvray en Pommard, plonge de caves en celliers. Chaque fois que j'ai besoin de lui, les assistants savent où trouver “Big Moustache”. Rubicond, l'œil brillant, la démarche pas très bien assurée, il émerge un flacon de clos-vougeot ou de chambolle-musigny à la main. Je tire avantage de la chose et fait de “Big Moustache” un de ces Anglais toqués de la France parce qu'ils aiment son pinard »
Gérard Oury distribue le rôle de l'aviateur canadien Alan MacIntosh à Mike Marshall.
Peter Cunningham, l'aviateur sauvé par Augustin Bouvet, est interprété par Claudio Brook, un acteur mexicain de père anglais et de mère française. Après plusieurs films de Buñuel, il tourne notamment en France Viva Maria ! (1965) et Du rififi à Paname (1966), et il s'installe à Paris début 1966, pensant avoir « une place à y prendre dans les rôles de quadragénaires virils ». Plus tard, il devient célèbre au Mexique pour ses rôles dans des films d'horreur.
Les rôles féminins ne sont distribués que très tard, quelques semaines à peine avant le début du tournage. La belle Juliette est jouée par Marie Dubois, révélée par les films Tirez sur le pianiste (1960) puis Jules et Jim (1962) de François Truffaut, et vue aux côtés de Bourvil dans Les Grandes Gueules (1965). Colette Brosset est engagée pour le rôle de Germaine, la patronne de l'Hôtel du Globe. La religieuse des Hospices de Beaune, sœur Marie-Odile, est campée par Andréa Parisy, qui jouait la fille de de Funès dans Escalier de service (1954), avant d'apparaître notamment dans Les Tricheurs (1958), 125, rue Montmartre (1959) et Cent mille dollars au soleil (1964), et qui partage alors la vie du producteur Robert Dorfmann. Le rôle de la mère supérieure des Hospices de Beaune est confié à Mary Marquet.
Scénario
À l'origine le scénario était beaucoup trop long. Il se continuait dans une fuite menant les protagonistes jusqu'en Espagne. Présenté au producteur Robert Dorfmann celui-ci indiqua qu'il fallait couper à partir d'Albi où les fuyards passaient. Depuis, le terme d'« Albi » désigne dans la famille Oury/Thompson un point à partir duquel un scénario s'éternise, devient répétitif.
Bande originale
Georges Auric compose la bande originale de La Grande Vadrouille. Gérard Oury avait auparavant fait appel à Georges Delerue pour Le crime ne paie pas (1962) et Le Corniaud (1965)[48]. Le vénérable compositeur livre ici l'une de ses dernières musiques de film, achevant une prolifique œuvre pour le grand écran entamée en 1930. Le réalisateur adjoint ainsi un artiste prestigieux à sa superproduction. Les « langues les plus informées » estiment que le réalisateur aurait confié la bande originale à Auric afin de faciliter l'obtention des autorisations de tournage à l'Opéra, puisqu'il est alors administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (soit directeur de l'opéra Garnier et de l'Opéra-Comique). Les musiques du film sont d'ailleurs vraiment interprétées par l'orchestre de l'Opéra de Paris, sous la direction de Robert Benedetti, d'après l'orchestration de Jacques Météhen, fidèle arrangeur d'Auric. La formation dirigée par Louis de Funès à l'écran n'est cependant pas le véritable orchestre de l'opéra de Paris, ses musiciens étant en vacances lors du tournage de la scène en août : Jacques Météhen rassembla des professionnels d'autres groupes, professeurs de conservatoires, grands élèves et autres membres de l'orchestre de la Garde républicaine.
Georges Auric écrit, selon le spécialiste de la musique de film Stéphane Lerouge, « une partition d'une grand clarté, élégante et très française ». Il élabore des musiques de situation comme la java Pense à nous deux évoquant Paris ou la Marche SS, thème rattaché à l'armée allemande, mais son travail personnel est quelque peu éclipsé par la reprise d'airs fameux, qu'il intègre à ses morceaux. Les scénaristes ont choisi comme signe de ralliement des aviateurs alliés la chanson américaine Tea for Two, tirée de la comédie musicale No, No, Nanette créée à Broadway en 1925. La danse des chaises à l'hôtel du Globe se fait sur le chant populaire allemand Ein Jäger aus Kurpfalz. « Big Moustache » et MacIntosh, en marchant le long de la petite route de campagne, sifflent le chant patriotique Rule, Britannia!.
La musique la plus emblématique demeure néanmoins l'opéra dirigé par Stanislas Lefort, La Damnation de Faust d'Hector Berlioz. Danièle Thompson explique notamment le choix de cette œuvre par la présence du personnage de Méphistophélès, son père s'amusant de l'idée que le diable soit le chef du réseau de résistants. D'abord, Stanislas Lefort répète avec l'orchestre de l'Opéra la Marche Hongroise, pièce phare de cette œuvre. La démesure de la composition de Berlioz cadre avec l'attitude grandiloquente du personnage. Ensuite, lors de la représentation, le début de La Damnation de Faust est joué par l'orchestre jusqu'à ce qu'une bombe explose dans l'Opéra. Par ailleurs, Georges Auric avait composé des génériques de début et de fin, que Gérard Oury n'a pas utilisé, préférant ouvrir le film par le seul son de l'avion et des bombardements, et le clore sur une dernière reprise de la Marche hongroise.
Un premier album 45 tours La Grande Vadrouille, bande originale du film sort en 1966 sous le label Riviera. Un single de deux titres paraît l'année suivante au Japon. Plusieurs thèmes font partie de la compilation Les plus belles musiques des films de Louis de Funès, publiée en 33 tours en 1988 et rééditée en CD en 1994, diffusée également en Allemagne. En 2002, la musique de Le Grande Vadrouille est publiée, avec celles écrites par Georges Delerue pour Le Corniaud et Le Cerveau, sous le titre Bandes originales des films de Gérard Oury, dans la collection Écoutez le cinéma ! de Stéphane Lerouge. En 2014, quelques morceaux sont intégrés à la vaste compilation Louis de Funès, musiques de films, 1963-1982 de la collection Écoutez le cinéma !
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